Japon, années 1980. Habu Jôji ne vit que pour la grimpe. Pas de famille, pas de copine, de rares compagnons de cordée, des petits boulots alimentaires, une discipline de fer : le taiseux solitaire qui rêve d’inscrire son nom dans les annales de l’alpinisme multiplie les défis. Mais le sort s’acharne et le petit jeune plein d’avenir finit par disparaître des radars. Une dizaine d’années plus tard pourtant, Fukamachi, reporter pour un magazine de montagne, croit apercevoir Habu à Katmandou. L’homme, qui semble en parfaite condition physique, détient l’appareil photo que George Mallory portait lors de sa dernière ascension. Disparu en juin 1924 sur l’Everest, l’explorateur anglais pourrait en être le premier vainqueur, mais sans la pellicule, impossible de savoir ! À l’affût de ce scoop qui pourrait bouleverser l’histoire de l’alpinisme, Fukamachi plonge dans les dossiers, reconstitue pièce par pièce la vie de Habu et finit par retrouver sa piste au Népal, dans un petit village perdu au pied du sommet des dieux… Adapté d’un manga à succès de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura publié en France aux éditions Kana, Le Sommet des dieux est une excellente surprise. Annoncée depuis longtemps, plusieurs fois retardée, cette Arlésienne de l’animation française a su résoudre la quadrature du cercle. Ou comment réduire une saga de plus de mille six cents pages riche en intrigues et en personnages secondaires pour en tirer un film d’animation d’une heure et demie, sans la trahir. Contrairement à leurs homologues nippons qui, souvent, suivent pas à pas l’œuvre originale, les scénaristes français ont hardiment taillé dans la masse pour n’en garder que la substantifique moelle. Tout en respectant la narration — l’enquête quasi policière de Fukamachi, l’omniprésence des flash-back, le soin extrême apporté aux détails techniques —, le réalisateur Patrick Imbert et son équipe ont particulièrement travaillé les deux protagonistes principaux et suivi le seul fil d’Ariane qui vaille : la passion dévorante, obsessionnelle, quasi mystique de Habu pour les cimes. Un « haut mal » qui l’habite, le consume et dont il ne veut surtout pas guérir. Ses difficultés à en parler comme son obstination hors norme, délirante, en font un personnage digne de Herman Melville, le chaînon manquant entre le monolithique Achab de Moby Dick et le touchant Billy Budd. Avec en toile de fond au lieu de l’océan, l’immensité du massif himalayen. Photoréaliste quand il s’agit des décors — le travail réalisé par les peintres est admirable —, l’animation laisse heureusement aux personnages leur part d’imaginaire, ce côté BD qui permet au spectateur de se les approprier, de se sentir proche d’eux. Recherchée, travaillée à petites touches, cette intimité prend tout son sens lors des scènes d’action souvent à couper le souffle. Hymne à l’inhumaine beauté des montagnes, la dernière partie du film est remarquable et nous transporte littéralement sur le toit du monde. Une impression pleine, entière, rarement éprouvée devant un écran ou dans une salle de cinéma. Mention spéciale pour la bande-son : à mesure que l’on s’élève, elle se substitue peu à peu aux paroles et à la partition subtile composée par Amine Bouhafa qui tutoie, elle aussi, les nuages. . |
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Le MangaLe Sommet des dieux (?????, Kamigami no Itadaki ) est une adaptation de l'œuvre originale de Baku Yumemakura, dessinée sous forme de manga en noir et blanc par Jirô Taniguchi , tous deux auteurs japonais. Prépublié dans le magazine Business Jump de l'éditeur Shueisha entre 2000 et 2003, il a été rassemblé en 5 tomes. L'œuvre comporte en tout plus de 1500 pages. Il a reçu en 2001 le prix de la meilleure œuvre dans la catégorie manga lors de la 5e édition du festival des arts et médias du ministère de la culture du Japon et le Prix du dessin lors du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême 2005. En France, le manga a été édité par Kana entre mars 2004 et mai 2005. Une édition cartonnée a ensuite vu le jour entre septembre 2010 et septembre 2011. L'histoire présente deux thèmes principaux, tous deux inspirés de faits réels et articulés autour des enquêtes du photographe Fukamachi Makoto . Le premier est la rivalité entre deux alpinistes japonais, Tsunéo Hase, alpiniste conventionnel et Habu Jôji, d'origine modeste et marginalisé par une ascension ayant entrainé la mort de son coéquipier. Le second thème, qui maintient le suspense tout au long des 5 tomes, est le mystère entourant le sort de George Mallory , le célèbre alpiniste qui fut le premier à essayer de vaincre l'Everest. George Mallory disparût avec Andrew Irvine, lors de cette ascension en 1924, sans que l'on puisse savoir s'ils sont parvenus au sommet. L'appareil photo de Mallory, jamais retrouvé, pourrait fournir des indices précieux, et celui-ci serait peut-être réapparu dans une boutique de Kathmandou . Fiche technique
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Patrick Imbert est un cinéaste français, principalement réalisateur et animateur mais également directeur de la photographie et ingénieur du son. Patrick Imbert est originaire de Trèbes, en France. Il quitte sa région natale pour entrer à l'École des Gobelins à Paris où il devient animateur. Réalisateur * 2017 : Le Grand Méchant Renard et autres contes... (film composé de trois courts-métrages, réalisation de deux des trois courts-métrages) avec Benjamin Renner Animateur * 2002 : Corto Maltese, la cour secrète des arcanes (animation) |