Récit d'un propriétaire (長屋紳士録, Nagaya shinshiroku) film japonais de Yasujirô Ozu, sorti en 1947
Dans le Japon de l’immédiat après-guerre, un petit garçon est trouvé dans les quartiers pauvres de Tokyo, on se sait pas s'il s'est perdu ou si il a été abandonné. Les gens du quartier ne veulent pas s’en encombrer et, après tirage au sort, décident de le confier à une veuve cinquantenaire acariâtre qui le recueille bon gré mal gré. Elle cherche tout d’abord à s’en débarrasser mais finit par s’y attacher. Un jour, alors qu’elle commençait à se faire à l’idée de l’adopter, son père qu’on croyait mort ou définitivement disparu, réapparaît pour reprendre son fils. La veuve comprend alors seulement le bonheur unique d’avoir un enfant à ses côtés et de pouvoir s’en occuper ; elle part donc à la recherche d’un autre orphelin abandonné. Ils sont pléthores dans ce sinistre après-guerre et se regroupent à Ueno autour de la statue de Takamori Saigô. Le film est une petite chronique urbaine, marquée par le contexte social et politique du Japon de l’après-guerre, l’occupation américaine et la pénétration de sa culture. Sans s’appesantir sur les ravages de la guerre, Ozu ne les élude pas totalement, préférant le faire par petites allusions, et réussit un portrait assez critique mais optimiste de cette époque de survie et d’égoïsme. Ozu met en scène tout un petit peuple de gens ordinaires d’un quartier populaire pauvre de Tokyo, évite le misérabilisme, enjolive même poétiquement ce microcosme , Ozu fait attention aux petits détails, insuffle de la poésie à ses images et à ses cadrages, accentuant cette légèreté poétique par l’utilisation d’une musique guillerette et bon enfant Il s’agit donc d’un sujet grave traité sur un ton humoristique et parfois trivial, on y discute abondamment de la morve de nez, de la manière d’uriner et du pipi au lit et un plan récurrent, celui d’un drap étendu pour sécher, souillé par l’enfant ("un gosse qui pisse au lit comme un cheval"). Le comique de situation vient de la roublardise des voisins et de l’opposition entre le caractère de la femme ("un bouledogue") et de l’enfant, l’une rugueuse et bourrue, l’autre réticent et têtu. Règne malgré tout une atmosphère de confiance, de chaleur humaine et d’entraide mutuelle parmi ce microcosme et la tendresse maternelle va faire son apparition après que l’enfant se soit laissé apprivoisé et mère et enfant se soient trouvés un point commun dans la manière de se déhancher pour faire partir les puces qui les attaquent. Après le départ de l’enfant, la vielle dame fera la leçon de morale à ses voisins en leur disant qu’ils s’occupent trop d’eux-mêmes et qu’au lieu d’être aussi égoïstes, ils feraient mieux d’aller chacun s’occuper des orphelins de guerre. La poignante dernière image au parc d'Ueno, comme une précédente déambulation de la veuve au milieu de ruines d’une ville ravagée, montre qu’Ozu n’était pas dupe de la situation réelle de son pays mais qu’il avait préféré donner de l’espoir aux spectateurs et à ses concitoyens. | |||
Distribution
Fiche technique
|
|