Mon épouse et la voisine, de Heinosuke Gosho

Mon épouse et la voisine ( マダムと女房 , Madamu to nyôbô) film japonais de Heinosuke Gosho, sorti en 1931

Un dramaturge en quête de quiétude pour travailler à sa pièce est constamment dérangé par les bruits alentour. Excédé en particulier par des voisins qui écoutent de la musique jazz très fort, il se rend chez eux pour protester et fait la rencontre d'une charmante jeune femme moderne et américanisée.

Séduit par elle, le dramaturge se met à apprécier cette musique occidentale, ce que ne voit pas d'un très bon œil sa propre femme qui en prend ombrage. Mais le dramaturge réussit à achever sa pièce en un temps record et ainsi, parvient à apaiser son épouse.

Heinosuke Gosho, depuis ses débuts de réalisateur en 1925, avait déjà tourné presque quarante films avant d'arriver à cette comédie réaliste sur la confrontation du mariage traditionnel japonais avec la modernité.
Réalisé pour le compte de la Shochiku, ce film est le premier long-métrage parlant japonais.

L'innovation valorise un nouveau moyen d'expression comprise dans un usage intelligent de la bande sonore hors-champ puisque son personnage est sans arrêt perturbé par les bruits de son voisinage. Toute la trame tourne d'ailleurs autour
du son si l'on s'en réfère au titre provisoire du film : Les Bruits de la porte à côté (Tonari no zatsuon).

Le titre finalement adopté révèle un autre élément important de l'histoire : la disparité de style des deux femmes gravitant autour du personnage principal, dramaturge en panne d'inspiration. La première, l'épouse, vêtue en kimono traditionnel, montre un tempérament très réservé tandis que la seconde, Madamu Next Door, chanteuse de jazz en répétition, est habillée avec un costume à l'occidentale qui la transforme en objet de désir.

C'est également la chanson qui distingue les deux puisque, lors de la séquence où la voisine interprète les compositions en compagnie de son orchestre, la femme qui attend le retour de son mari, chantonne une complainte traditionnelle. Ce premier parlant est, à l'époque, une vitrine parfaite pour démontrer la force de cette nouvelle technologie à travers des effets sonores suggestifs, les inflexions subtiles des dialogues et l'arrivée de la musique moderne dans ce contexte périurbain.

Le film connait un important succès commercial en plus d'une réception critique particulièrement enthousiaste, la revue KinemaJunpo le classant immédiatement comme le meilleur film de l'année. Les chansons «Speed Jidai» (de Tetsuo Takashina) et «Speed Hoi» (d'Harutaka Shimada) sortent en disque en même temps que cette ode à la créativité.

Distribution

  • Atsushi Watanabe : Shinsaku Shibano, le dramaturge
  • Kinuyo Tanaka : la femme du dramaturge
  • Mitsuko Ichimura : Teruko, la fille du dramaturge
  • Satoko Date : Sakiko Yamakawa ou Madame, la voisine
  • Dekao Yokoo : le peintre

Fiche technique

  • Titre original : マダムと女房 (Madamu to nyôbô)
  • Réalisation : Heinosuke Gosho
  • Scénario : Akira Fushimi et Komatsu Kitamura
  • Photographie : Monjiro Mizutani
  • Musique : Tetsuo Kokai et Haruyo Shimada
  • Producteur : Shirô Kido
  • Sociétés de production : Shôchiku
  • Format : noir et blanc - 1,33:1 - son mono
  • Durée : 64 minutes
  • Date de sortie : 1er août 1931