Ma femme, sois comme une rose, de Mikio Naruse

Ma femme, sois comme une rose ( 妻よ薔薇のやうに Tsuma yo bara no yo ni) film japonais de Mikio Naruse, sorti en 1935


Kimiko est une jeune employée de bureau moderne et occidentalisée qui vit seule avec sa mère, une poétesse abandonnée des années plus tôt par son mari Shunsaku, parti vivre à la campagne avec une ancienne geisha Oyuki. Kimiyo est fiancée avec Seiji, un de ses collègues. Son oncle Shingo qui lui apprend qu'en vue du mariage, le père du fiancé veut s'entretenir avec son père Shunsaku. Shingo enjoint sa nièce de le retrouver à la campagne et de le faire revenir à Tokyo.

Kimiko se rend donc dans le village où vit son père. Elle fait la connaissance d'Oyuki, l'ancienne geisha qui vit avec son père ainsi de leurs deux enfants, Kenichi et Shizuko. Elle découvre une famille heureuse et apprend avec surprise que c'est Oyuki, qui exerce désormais le métier de coiffeuse, qui envoie chaque mois de l'argent à sa mère. Shunsaku accepte de retourner à Tokyo afin d'organiser le mariage de sa fille. Oyuki est angoissée à l'idée qu'il ne revienne pas.

De retour auprès de sa femme Etsuko, les retrouvailles sont froides. Oyuki se rend compte de la distance qui existe entre cette mère sophistiquée et distante et ce père aux plaisirs simples qui s'ennuie profondément au point de s'endormir lors d'une représentation de théâtre Nô. Une fois les modalités du mariage réglée, Kimiko encourage son père à retourner auprès d'Oyuki, contre l'avis de son oncle et au désespoir de sa mère.

Le film est le vingt-septième film réalisé par Mikio Naruse et son troisième parlant. Il se situe à une époque très fertile pour Naruse, puisqu'il réalise cinq films en 1935. C'est aussi le premier film parlant japonais montré et exploité aux États-Unis, il sort en 1937 à New York sous le titre de Kimiko. Le film obtient un succès critique au Japon où la revue Kinema Junpō le place en tête de son classement des dix meilleurs films japonais de l'année 1935.

Le film se fonde sur des couples d'opposition : ville/campagne, épouse/nouvelle femme, liens du sang/enfants adoptifs mais celui qui détermine les autres est entre !a prose et la poésie, ou du moins une certaine conception de la poésie. Le contraste en est illustré dès la première scène quand le garçon de bureau croit que Kimiko écrit une lettre d'amour alors qu'elle note une liste des courses à faire pour le dîner. Il prend une forme comique dans celle où son fiancé fait mine de composer devant la mère un poème sur un samouraï affamé. Il atteint au burlesque quand l'oncle de Kimiko, adepte récent du gidayu, se met à chanter faux devant sa nièce amusée. Mais c'est dans le contraste entre les aspirations de l'épouse à une vie de l'esprit et celles d'un mari à une existence simple et tranquille que le film trouve son vrai sujet.

Ironique envers les grands airs de l'épouse et en sympathie avec le père et Oyuki, Naruse ne choisit pas le confort prosaïque contre l'élévation spirituelle, lui qui venait d'adapter Kawabata et devait recommencer avec Tanizaki, Fumiko Hayashi. Ce qu'il critique, c'est le dédain affiché de l'épouse pour un mari moins cultivé qu'elle et surtout son idée de la poésie : une poésie doloriste et plaintive qui lui fait pleurer l'absence d'un homme qu'elle ne supporte pas quand il est là.

Naruse célèbre une beauté et une poésie non séparées du réel, saisies à même les choses et en émanant comme un précieux chant du monde, les retrouvailles avec une fille qu'on n'a pas vue depuis quinze ans et qu'on trouve grandie, une promenade tranquille au crépuscule, le repos d'un homme fatigué massé par sa compagne, le retour du bain d'un adolescent et d'un père qui aurait sans doute souhaité que sa femme fût comme une prose, c'est-à-dire une poésie qui n'en ait pas l'air

Distribution

  • Sachiko Chiba : Kimiko Yamamoto
  • Heihachirô ôkawa : Seiji, le fiancé de Kimiko
  • Toshiko Itô : Etsuko Yamamoto, la mère de Kimiko
  • Sadao Maruyama : Shunsaku Yamamoto, le père de Kimiko
  • Yuriko Hanabusa : Oyuki
  • Setsuko Horikoshi : Shizuko, la fille de Shunsaku et d'Oyuki
  • Kaoru Itô : Kenichi, le fils de Shunsaku et d'Oyuki

Fiche technique

  • Titre original : 妻よ薔薇のやうに (Tsuma yo bara no yo ni)
  • Réalisation : Mikio Naruse
  • Scénario : Mikio Naruse d'après Futari-zuma (Deux épouses), une pièce de théâtre de Minoru Nakano
  • Photographie : Hiroshi Suzuki
  • Montage : Kôichi Iwashita
  • Musique : Noboru Itô
  • Sociétés de production : P.C.L.
  • Format : noir et blanc — 1,37:1 — 35 mm — son mono
  • Durée : 74 minutes
  • Dates de sortie : 15 août 1935